Bolivie : Santa Cruz, mon premier salaire bolivien (partie 2) - 7

[Pour lire la première partie de cet article, cliquez ici]. La fille du chef me propose d’aller déjeuner. Surement l’un des moments les plus heureux de mon séjour en Bolivie. Ces quelques minutes me permettent de respirer et d’admirer ce lieu étourdissant. On y vend vraiment de tout et au meilleur prix (zone franche). Ce sont surtout les commerçants, habitant dans les zones reculées de la région de Santa Cruz, qui viennent s’y approvisionner. Après un copieux repas, il est déjà l’heure de retourner travailler.

Sans relâche, je remplis les rayons de produits, je transvase des centaines de kilos dans les multiples pièces de stockage (parfois en devant monter des murs sans échelles !) et j’apporte, en courant, les marchandises aux clients. Sans comprendre, un des acheteurs refusent que ce soit un étranger qui lui porte ces cartons et souhaite un bolivien. Mon chef, surpris, lui demande pourquoi. C’est alors qu’il rétorque : « mais c’est un pauvre européen, il va s’écrouler de fatigue au cours de la route…je ne veux pas d’un déchet ! ». Et bien voilà une réaction qui en dit long sur ce que les boliviens pensent de nous (et qui me donne une forte confiance en moi). Mon chef doit le rassurer. Evidemment, je réaliserai la course en bonne et dû forme. Le client ne me remercie pas et me jette un regard digne de l’estime que l’on porte à un cafard.

Je retourne à mes tâches sans rechigner. Mes efforts sont entrecoupés de quelques discussions  avec les employés. Egalement, certains autres commerçants viennent me saluer (ils m’avaient vu lors de la fête de la vierge à Santa Cruz). Une tripotée d’enfants vient régulièrement me rendre visite en criant « Salut Shaggy ! » ou « Scoubidoubidou ! ». Et oui, visiblement, je ressemble au grand personnage stupide du célèbre dessin animé. Quoiqu’on dise, après seulement quelques heures, j’ai déjà créé mon embryon de vie social dans les Férias de Santa Cruz.

 Il est 20 heures 30 du soir et je suis toujours au travail. Comme par magie, les filles du chef  arrivent sur les lieux, me délivrant de ma journée par la même occasion. On me félicite pour avoir survécut au premier jour. Je suis exténué mais heureux. J’ai travaillé 13 heures 30 d’affilé, dans des conditions difficiles et avec certaines personnes qui m’ont considéré plus bas que la défection d’un chien. Pourtant, je me sens bien plus fortuné ici que dans un bureau parisien. Cela m’a donné le goût du travail et j’ai hâte d’expérimenter d’autres choses.

Bien sûr je n’ai pas travaillé pour du beurre et il est l’heure de me remettre ma paye du jour : 120 bolivianos, soit 12 € ou encore 0,90€ par heure travaillée. Pour vous donnez une idée, avec cette somme, je peux acheter : 4 places de cinémas ou 10 poulets-frites dans une pension ou encore 4 nuits dans une auberge de jeunesse. Faites votre choix !

Pour lire la première partie de cet article, cliquez ici.

Posted in: Amérique du Sud, Bolivie, Chili, Destination, News, travail