Si la difficulté à
réparer mon appareil photo m’empêche de poursuivre mon voyage, cet imprévu à
pour le mérite de me faire vivre de
nouvelles expériences en Bolivie. Travailler dans les « Férias » de
Santa Cruz est l’une d’entre elle. Considéré comme l’un des métiers les plus
populaires et difficiles de la ville, je m’engage dans une journée des plus
éprouvantes.
Coin
pratique :
- Trouver un petit boulot (manutention, restauration etc.) est un jeu d’enfant en Bolivie.
- Parlez avec les commerçants ou autres travailleurs et montrer votre motivation.
- Les boliviens étant reconnu pour travailler dans des conditions difficiles, il faudra prouver, en tant qu’étranger, que vous survivrez à une journée.
- Les employeurs couvrent généralement tous les frais : nourriture, trajet et pause toilette.
Le soleil n’est pas
encore levé que le réveil sonne déjà. Cela fait un an, jour pour jour, que j’ai
quitté mon emploi en France afin de vivre mon rêve en Amérique Latine. Pour
célébrer cet évènement, j’ai décidé aujourd’hui de travailler en Bolivie. Sans
plus attendre, je prends un bus avec les autres travailleurs. Quelques dizaines
de minutes plus tard, je me retrouve dans les entrailles de la
« Férias ». Il s’agit d’un hangar tentaculaire, grand de plusieurs
milliers d’hectares carré. Partout, des boutiques et des boliviens faisant des
allers-retours dans les centaines d’allées que compte ce lieu pharaonique.
Les locaux me
dévisagent de bas en haut. On se demande ce qu’un étranger peut bien faire là.
Déjà qu’ils ne sont pas habitué à voir des gringos comme client, que vont-ils
penser quand ils vont s’apercevoir que je travaille ici ? Je parcours les
derniers mètres et arrive à mon futur stand où l’on vend tout type de produits
pour bicyclettes. Bien sûr, je ne connais rien sur le sujet et encore moins
lorsque les questions vont fuser en espagnol. Les employés me regardent avec
étonnement alors que mon chef me jette un sourire sarcastique dans le
genre : « tu vas prendre chère aujourd’hui gringo ».
Je me sens
totalement perdu. Imaginez, cela fait un an que je n’ai pas travaillé. De plus
je n’ai jamais réalisé de travaux manuels et encore moins dans un fourmiller
humain parlant une langue étrangère. Cependant, ma conscience professionnelle
étant plus forte que ma peur, je reprends vite mes esprits et demandent à mon
chef ce que je peux faire pour lui. Je commence par porter des cartons remplis
de produits. Ils pèsent 10, 20, 30, 40 et jusque 60 kilos. J’ai l’impression
que mes bras vont s’arracher et ma colonne vertébrale se briser en deux. Sans
compter la chaleur humide qui vous torture à chaque mouvement. Je regarde ma
montre et me rends compte que je n’ai travaillé…40 minutes.
A présent, je dois
monter des pompes à vélo. Ce travail peu éreintant, me permet de souffler
quelques minutes. Malheureusement, le repos est de courte durée. On m’ordonne
de transporter les marchandises d’un client jusqu’à son véhicule. Je prends un
chariot et y pose la centaine de kilos de produit. Je dois désormais le suivre,
slalomant entre les habitants, manquant de rentrer dans plusieurs boutiques et
d’écraser 2 ou 3 enfants sur mon passage. Et un client Bolivien ne fait pas de
cadeau. C’est pourquoi, j’aurai le droit à des phrases du type « bordel,
grouille-toi ! » ou encore « Put**, mais qu’est ce que tu
fous !!! ». Bref, de quoi vous remontez le moral. A la fin de ma
première course, j’ai la tête qui tourne tellement que j’ai l’impression que le
monde est en train de s’écrouler. Et bien, non ! Il me reste encore 12
heures de travail. Ce type de course, je l’effectuerai une vingtaine de fois
tout au long de la journée. Je me consolerai avec l e pourboir s’élevant au
montant impressionnant de 2 bolivianos, soit 19 centimes d’euros.
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