mardi 17 avril 2012

Panama : Bocas del Toro, sur un air de Jamaïque

L’une des premières choses qui m’a frappé à Bocas del Toro : la majorité des habitants parlent anglais. En 17 mois de voyage à travers l’Amérique Latine, je n’avais pas connu ça ni le soupçonnait. Bocas del Toro est une véritable melting pot, d’un côté une population noire aux traits et accents jamaïcains, de l’autre des Américains riches venus couler paisiblement leurs jours ou encore, quelques panaméens, plus traditionnels, fraichement débarqués pour gagner de l’argent avec le tourisme. Une identité avec laquelle il est difficile de jongler !

Alors que mes amies d’Argentine ont quitté l’hôtel, je décide de faire une longue randonnée seule sur l’Isla Colon. Cela tombe bien, j’ai besoin d’un peu de solitude. Contrairement à ce que l’on peut penser, une vie nomade faite de voyages, n’est pas facile tous les jours. Ces derniers temps, je me pose beaucoup de question sur mon avenir proche. Sur le chemin, j’ai fais les calculs pour voir si je peux vagabonder jusqu’au Mexique. C’est bien beau, mais après ? Que faire ? Trouver un travail sérieux en Amérique Latine, tenter l’aventure en Asie ou en Océanie, revenir un temps (vraiment cours) en France ? Beaucoup de choses passent par ma tête ces derniers temps.

Je parcours la côte est d’Isla Colon avec pour ambition d’arriver jusque la plage Bluff en marchant. Au cours des premiers kilomètres, je longe de belles plages très variées. Parfois la mer est calme, parfois elle est agitée. Le sable revêt d’une couleur orangée ou s’unifie d’un blanc si pur qu’il éblouit mes yeux. Mais ce qui me frappe davantage, ce sont les grandes maisons cachées par des jardins impressionnant. A ma grande surprise, les quelques propriétaires aperçus ne sont autres que des Nord Américains pour la plupart, se déplaçant en quad ou 4*4 de luxe. Bocas del Toro serait-il en train de vendre son âme, en vendant ses précieux territoires aux étrangers ?





Au bout de plusieurs dizaines de minutes de marches, je parviens à la plage Bluff, réputé pour le surf. L’endroit est totalement désert. Je ne vois même pas une planche défiant les vagues à l’horizon. Tant mieux, je profite du silence pour me reposer dans la solitude la plus totale sous un soleil de plomb.


Tous les jours à Bocas del Toro, je suis harcelé par les vendeurs de drogues. Ils ont tous le même style et les mêmes techniques d’approche. Ils m’abordent dans un anglais faisant penser aux chansons de reggae et à la Jamaïque. Pour un peu, je me sentirai sur l’île natale de Bob Marley. Au début, on trouve cela exotique, mais au final on trouve cela vite lourdingue. J’en fais d’ailleurs les frais en me rendant sur l’île Bastimentos. Une fois débarquée, je me dirige vers le sentier qui mène à la plage Red Frog Beach. Le village est très différent de celui de l’Isla Colon et me fait vraiment penser aux clips musicaux du roi du reggae. Les hommes sont grands et noirs. Leur regard est fier. Parfois leur visage est masqué par des dreadlocks plus longues que mes bras. Je sens que je ne suis pas le bienvenue. On me demande « où je vais » à de nombreuses reprises sur un ton meurtrier. Je décide tout de même, de maintenir le cap…



Malgré les attitudes menaçantes, je prends le risque et débute le chemin qui me mènera vers Red Frog Beach. Au port de Bastimentos, la police m’a avertit de ne pas m’y rendre seul  et à l’entrée du sentier, un panneau est là pour me le répéter. Je reste à l’affut tout au long du parcours. Parfois, j’ai l’impression que l’on me suit. Je ne sais pas si c’est de la paranoïa ou mon instinct qui tente de me dire quelques choses. Je ne crois pas. J’ai vu à plusieurs reprises, des groupes de deux personnes avec machettes. Ils ne semblaient pas pour autant être des agriculteurs. Je les évite soigneusement en me faufilant dans la forêt épaisse. Soulagé, je finis par arriver à une première plage où je peux souffler quelques minutes.



Je reprends la route vers Red Frog Beach. Cette fois-ci, le danger ne vient pas des hommes mais par le chemin lui-même. Il me faut traverser des criques d’eau, avoir de la boue jusqu’aux genoux et faire attention à ne pas me perdre parmi les nombreux sentiers. Après une heure d’effort et de doute, j’arrive à Red Frog Beach. La plage est belle, mais pas exceptionnelle. La faute au soleil voilé qui ne laisse pas transparaitre la lumière, sans doute. Voir des grenouilles rouges ? Je crois que cela était possible avant qu’il ne bétonne les environs…Qu’importe la légère déception, j’en profite d’un court moment pour me reposer. Le retour ne me posera pas de problème. Ouf !




Au cours de ces quelques jours passés à Bocas del Toro, j’ai eut tout sauf l’impression d’être au Panama. Mais plutôt en Jamaïque ou parfois aux Etats-Unis.  Ce pays est une véritable mosaïque culturelle sans logique dès que l’on prend en compte les Kunas vivant parmi les San Blas. Décidemment, difficile d’être blasé au cours d’un voyage au long cours, on découvre de nouvelles choses à chaque étape…

Coin pratique :
  • Vous pouvez vous rendre jusque la plage Bluff à pied (deux petites heures) ou en vélo (environ 8$ la journée).
  • Pour vous rendre à l’île Bastimentos, il vous en coutera 3$ le trajet en bateau. Nombreuses auberges de jeunesses sur place. Vous pouvez marcher jusque la plage Red Frog Beach (environ 1h30) mais il n’est pas recommandé de le faire seul.
  • Pour information, une journée d’excursion vers Zapaitillas vous coûtera de 20 à 25$ selon le nombre de passagers.


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