L’une des premières choses qui m’a frappé à Bocas del Toro : la majorité des habitants parlent anglais. En 17 mois de voyage à travers l’Amérique Latine, je n’avais pas connu ça ni le soupçonnait. Bocas del Toro est une véritable melting pot, d’un côté une population noire aux traits et accents jamaïcains, de l’autre des Américains riches venus couler paisiblement leurs jours ou encore, quelques panaméens, plus traditionnels, fraichement débarqués pour gagner de l’argent avec le tourisme. Une identité avec laquelle il est difficile de jongler !
Alors que mes amies d’Argentine
ont quitté l’hôtel, je décide de faire une longue randonnée seule sur l’Isla
Colon. Cela tombe bien, j’ai besoin d’un peu de solitude. Contrairement à ce
que l’on peut penser, une vie nomade faite de voyages, n’est pas facile tous
les jours. Ces derniers temps, je me pose beaucoup de question sur mon avenir
proche. Sur le chemin, j’ai fais les calculs pour voir si je peux vagabonder
jusqu’au Mexique. C’est bien beau, mais après ? Que faire ? Trouver
un travail sérieux en Amérique Latine, tenter l’aventure en Asie ou en Océanie,
revenir un temps (vraiment cours) en France ? Beaucoup de choses passent
par ma tête ces derniers temps.
Je parcours la côte est d’Isla
Colon avec pour ambition d’arriver jusque la plage Bluff en marchant. Au cours
des premiers kilomètres, je longe de belles plages très variées. Parfois la mer
est calme, parfois elle est agitée. Le sable revêt d’une couleur orangée ou
s’unifie d’un blanc si pur qu’il éblouit mes yeux. Mais ce qui me frappe
davantage, ce sont les grandes maisons cachées par des jardins impressionnant.
A ma grande surprise, les quelques propriétaires aperçus ne sont autres que des
Nord Américains pour la plupart, se déplaçant en quad ou 4*4 de luxe. Bocas del
Toro serait-il en train de vendre son âme, en vendant ses précieux territoires
aux étrangers ?
Au bout de plusieurs dizaines de
minutes de marches, je parviens à la plage Bluff, réputé pour le surf.
L’endroit est totalement désert. Je ne vois même pas une planche défiant les
vagues à l’horizon. Tant mieux, je profite du silence pour me reposer dans la
solitude la plus totale sous un soleil de plomb.
Tous les jours à Bocas del Toro,
je suis harcelé par les vendeurs de drogues. Ils ont tous le même style et les
mêmes techniques d’approche. Ils m’abordent dans un anglais faisant penser aux
chansons de reggae et à la Jamaïque. Pour
un peu, je me sentirai sur l’île natale de Bob Marley. Au début, on trouve cela
exotique, mais au final on trouve cela vite lourdingue. J’en fais d’ailleurs
les frais en me rendant sur l’île Bastimentos. Une fois débarquée, je me dirige
vers le sentier qui mène à la plage Red Frog Beach. Le village est très
différent de celui de l’Isla Colon et me fait vraiment penser aux clips
musicaux du roi du reggae. Les hommes sont grands et noirs. Leur regard est
fier. Parfois leur visage est masqué par des dreadlocks plus longues que mes
bras. Je sens que je ne suis pas le bienvenue. On me demande « où je
vais » à de nombreuses reprises sur un ton meurtrier. Je décide tout de
même, de maintenir le cap…
Malgré les attitudes menaçantes,
je prends le risque et débute le chemin qui me mènera vers Red Frog Beach. Au
port de Bastimentos, la police m’a avertit de ne pas m’y rendre seul et à l’entrée du sentier, un panneau est là
pour me le répéter. Je reste à l’affut tout au long du parcours. Parfois, j’ai
l’impression que l’on me suit. Je ne sais pas si c’est de la paranoïa ou mon
instinct qui tente de me dire quelques choses. Je ne crois pas. J’ai vu à
plusieurs reprises, des groupes de deux personnes avec machettes. Ils ne
semblaient pas pour autant être des agriculteurs. Je les évite soigneusement en
me faufilant dans la forêt épaisse. Soulagé, je finis par arriver à une
première plage où je peux souffler quelques minutes.
Je reprends la route vers Red
Frog Beach. Cette fois-ci, le danger ne vient pas des hommes mais par le chemin
lui-même. Il me faut traverser des criques d’eau, avoir de la boue jusqu’aux
genoux et faire attention à ne pas me perdre parmi les nombreux sentiers. Après
une heure d’effort et de doute, j’arrive à Red Frog Beach. La plage est belle,
mais pas exceptionnelle. La faute au soleil voilé qui ne laisse pas
transparaitre la lumière, sans doute. Voir des grenouilles rouges ? Je
crois que cela était possible avant qu’il ne bétonne les environs…Qu’importe la
légère déception, j’en profite d’un court moment pour me reposer. Le retour ne
me posera pas de problème. Ouf !
Au cours de ces quelques jours
passés à Bocas del Toro, j’ai eut tout sauf l’impression d’être au Panama. Mais
plutôt en Jamaïque ou parfois aux Etats-Unis.
Ce pays est une véritable mosaïque culturelle sans logique dès que l’on
prend en compte les Kunas vivant parmi les San Blas. Décidemment, difficile d’être
blasé au cours d’un voyage au long cours, on découvre de nouvelles choses à
chaque étape…
Coin pratique :
- Vous pouvez vous rendre jusque la plage Bluff à pied (deux petites heures) ou en vélo (environ 8$ la journée).
- Pour vous rendre à l’île Bastimentos, il vous en coutera 3$ le trajet en bateau. Nombreuses auberges de jeunesses sur place. Vous pouvez marcher jusque la plage Red Frog Beach (environ 1h30) mais il n’est pas recommandé de le faire seul.
- Pour information, une journée d’excursion vers Zapaitillas vous coûtera de 20 à 25$ selon le nombre de passagers.
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