lundi 1 août 2011

Bolivie : Santa Cruz, David et Goliath sont dans un rallye - 1

Lorsque j’entre dans le bus, j’entraperçois mon voisin avec horreur. Un homme d’un poids certain et suintant un litre de sueur à chaque mouvement effectué. Je me faufile tant bien que mal jusque mon siège. Mon espace vitale est réduit au plus simple appareil. Le cauchemar du voyageur ne fait que commencer. Récit d’une traversée dantesque parmi les montagnes.

 

Coin pratique :

 

  • De nombreuses compagnies assurent le trajet entre Sucre et Santa Cruz. Tous les bus partent entre 16h30 et 17 heures pour un coût allant de 50 à 90 bolivianos. Durée : 14 à 15 heures.
  • Prenez un standard semi-cama minimum (plus chère d’un euro).
  • Deux pauses, l’une à 21 heures (20 minutes) et l’autre à 2 heures du matin (5 minutes).
  • N’oubliez pas vos sacs plastiques, vous comprendrez ci-dessous pourquoi.

 

L’ogre (ainsi s’appel mon voisin dans mon imagination) n’attends pas plus de cinq minutes pour me demander quelque chose. Il n’arrive pas à faire fonctionner son MP3 et requière mon aide. A ce moment là, je lui aurais bien répondu : « Je vous le fais sans problème si vous me promettez de changer de place ». Cependant, ma bonne éducation (ou le manque de courage diront certains) me pousse à collaborer sans rechigner.

 

Une vingtaine de minutes plus tard, l’ogre s’apaise et semble s’endormir profondément. Pendant ce temps là, je remarque que nous avons quitté la ville de Sucre. L’asphalte laisse place à la terre. Très vite, le bus s’embarque dans une course effrénée. Le tout bouge comme dans une simulation automobile. Les passagers commencent à broyer du noir. Certains tiennent le coup, d’autres vomissent dans une symphonie imparfaitement orchestrée.

 

Pour ne pas sombrer dans le désarroi, je repense aux meilleurs moments de mon voyage. Soudain, je ressens une certaine oppression. En effet, l’ogre tombe petit à petit sur mon corps de jeune poucet. Je constate avec horreur, que sa main lourde s’est posée sur mon genou. Je ferme les yeux et me concentre sur les choses les plus belles qui me soient arrivées. Quant tout un coup, le bus s’arrête. Sauvé ! Je saute vers l’extérieur pour prendre une grande (mais alors très grande) bouffée d’air frais.

 

C’est alors que je m’aperçois qu’il n’est que 21 heures. Cela signifie que je dois supporter cet effort encore une dizaine d’heures. Je rentre le premier dans le bus afin de m’accommoder pour laisser le minimum de place à l’ogre. Je place mes jambes aux extrémités. Le bus vacille légèrement, il arrive. D’un pas lourd, il marche en ma direction. Son regard défiant croise le mien. Il s’assoit. Il ne parvient pas à reprendre sa position initiale. L’ogre vocifère et piétine de rage. Je crispe mes jambes et mes bras afin de tenir le choc. Au bout de 5 minutes, il déclare forfait. Ouf ! J’ai remporté une victoire, mais pas la guerre ! En effet, la conduite sportive du chauffeur de bus se prenant de passion pour un rallye montagneux, m’empêchera de fermer l’œil.

 

A 7 heure du matin, l’ogre quitte le bus sans même daigner me regarder (la honte d’avoir été contredit par Petit Poucet peut être). Je suis fatigué par cette nuit terrible. Je marche péniblement jusqu’au terminal. Heureusement, le sourire et la gentillesse des trois boliviennes qui sont venus me chercher, me redonne de l’énergie. Quelques dizaines de minutes plus tard, j’arrive à destination de ma nouvelle maison à Santa Cruz de la Sierra.

 

Pour la première fois de mon voyage, je vais vivre avec une famille bolivienne…

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