lundi 1 août 2011

Bolivie : Potosi, dans l´enfer des mines (suite et fin) - 2


Pour continuer notre chemin, nous devons courber le dos, marcher genoux au sol et parfois ramper sur le granite. Nous arrivons à un endroit sacré : el Tio. Il s’agit d’une statue en argile prenant l’apparence du diable. Les miniers viennent y déposer des offrandes (cigarettes, quelques gouttes d’alcools, feuilles de coca etc.) en espérant que l’esprit soit clément et leurs permette de trouver davantage de minéraux. Généralement, ils viennent deux fois par mois (premier et dernier vendredi) et travaillent pour l’occasion 24 heures d’affiler. Notre guide nous fera boire un alcool à 96,8% tel un rite de passage.



 
La route continue à travers un carcan de matériels. Des chariots, des pioches ou encore des sacs remplis de minéraux paraissent abandonnés. Dans une petite grotte nous trouvons trois miniers affalés sur la roche, mangeant de la coca et fumant des cigarettes. On discute quelques minutes avec eux. Tour à tour, ils nous demandent ce que l’on fait dans la vie et surtout si nous avons une femme et des enfants. Il y a bien un décalage entre nos priorités et les leurs. Quelques minutes plus tard, nous découvrons deux autres miniers en repos. Pour l’un d’eux, cela fait 40 ans qu’il travail dans les mines. Invraisemblable lorsque pour nous, une matinée paraît déjà un enfer. Il est fier que ces fils étudient pour ne pas effectuer le même travail. Les familles de miniers sont tiraillées entre vouloir un meilleur futur pour leurs enfants et parfois, ne pas avoir d’autres choix que de les faire travailler dans les mines pour gagner de l’argent (surtout lorsque les parents ont de nombreux enfants).



Notre périple devient plus difficile. Il nous faut escalader trois escaliers incrustés dans la roche et immaculés de boues. Notre effort est récompensé par un lieu magique. Des minéraux bleus illuminent le couloir, des traces d’argent et d’or brillent à l’orée de notre lampe frontale, et il y a même des stalactites qui donnent un côté irréel.



 
Nous marchons de plus en plus vite, pressé de revoir la lumière du jour. Nous croisons trois autres mineurs travaillant dans la boue et tentant de déplacer tant bien que mal leur chariot remplie de minéraux. Nous ne les dérangeons pas.


 
Enfin, la porte de sortie. Soulagement général. On se félicite d’avoir parcourue entièrement la montagne en quelques heures. La vue superbe sur la ville de Potosi nous permet de réfléchir sur ce que l’on vient de vivre. Une expérience unique qui nous aura permis de comprendre ces travailleurs qui labourent sans répit dans des conditions dramatiques. La raison est simple : souffrir pour manger et donner à manger à sa famille. L’appât d’une trouvaille exceptionnelle  qui suffira à vivre sans travailler pour le restant de leur vie, est dans l’imagination et le cœur de tous ces ouvriers de l’enfer.








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