La très belle ascension du volcan
Maderas ne me suffit pas. Le lendemain matin, malgré les courbatures, je décide
faire tout le tour du volcan à pied et m’apprête donc à parcourir presque la moitié
de l’île d’Omotepe, soit 40
kilomètres . Je pars de bon matin d’un air guilleret et
heureux. Je passe tout d’abord la ville de Mérida au bout de deux petites
heures de marche et parviens à San Ramon en moins de 3 heures et 30 minutes.
J’hésite à prendre le chemin vers la cascade, mais le prix d’entrée me rebute.
Je continue donc mon petit bonhomme de route. Le soleil atteint son zénith et
la chaleur me plaque littéralement au sol. Pire, je n’arrive pas à ravitailler
mes provisions en fruits puisqu’aucun des petits villages rencontrés n’en
vendent. Je demande même de l’aide aux habitants, mais rien à faire. A ce
moment là, je me demande réellement…
…comment je vais le terminer ce
tour du volcan Maderas !
Heureusement, l’accueil
chaleureux des gens, qui ne sont pas habitués à voir des étrangers marchés dans
le sud de l’île (et maintenant, je comprends pourquoi !), m’aide à
surmonter cette épreuve. On me sourie et on me salue allègrement. D’autres me
regardent passer d’un air hébété, comme s’il voyait un extraterrestre. Les
jambes se font de plus en plus lourde. Cela fait maintenant 6 heures que je
marche sans m’arrêter. J’ai l’impression de traverser un véritable désert sans
fin. Je commence même à avoir des hallucinations. Il faut dire qu’il n’y a pas
d’ombres qui vivent et donc le soleil, tape très fort. Je ne suis plus qu’un
robot, marchant mécaniquement tout droit. J’en arrive à 8 heures de cavale.
Mais quand est ce que cette randonnée de la mort s’arrêtera t’elle ?
Heureusement, après une heure de plus, je rencontre une superette connue. Celle
d’une vieille dame qui vend des produits dont la date de péremption est déjà dépassée
depuis des semaines. Elle m’a pris en pitié, puisque tous les jours, je viens
demander le prix de chaque produit. Elle doit croire que je suis à la ruine. Du
coup, elle m’offre à chaque passage un petit de jus et vieux bout de pain séché
et rassie au soleil. Si ce geste de
bonté humaine ne réjouit pas toujours mon estomac, …
…il emplie de joie mon cœur.
J’ai donc marché durant neuf
heures sous 40° à l’ombre. Un véritable défi pour découvrir, une partie de
l’île d’Ometepe encore bien mystérieuse. J’aurai sans doute des séquelles
physiques pendant de long jours mais je ne le regrette pas, tant le sourire des
habitants reste imprégné dans mon esprit.
Pour mon dernier jour sur cette
île à l’aura si magique, je retourne à Moyogalpa. Je décide de dormir de
nouveau à l’auberge du couple hippie. En rencontrant leur fils, j’en apprends
davantage. Ils sont arrivés sur l’île d’Ometepe il y a de cela 7 ans, lorsqu’il
n’y avait pas encore un seul touriste. Ils ont tout acheté à un prix ridicule
et dont aujourd’hui des bénéfices à faire pâlir tout chef d’entreprise. Être là
avant les autres, voilà le secret. Malheureusement l’actuelle construction d’un
aéroport ne les enchante guère. Ils ont peur du tourisme de masse. J’ai donc
appris que…
…le hippie aime faire de l’argent
mais pas trop.
Malgré une certaine fatigue, je
me mets en route vers Chaco Verde. Un ancien du village me conseil de prendre
l’ancien chemin. Celui qui ne passe par la route mais par un petit sentier qui
coupe à travers champs. L’affaire est belle, je suis ses instructions. Le
chemin est de toute beauté avec les branches des arbres enroulées qui
paraissent vouloir protéger la terre d’un bras protecteur. Au bout d’un moment,
je vois plusieurs embranchements. Et ça, on avait oublié de me le souligner. Je
continue tout droit mais croise de nombreuses intersections. Je tourne une fois
à droite, une fois à gauche et finit par me perdre dans un champ disposant
d’une vue unique sur le volcan Concepción. Je ne perds pas la face et avec beaucoup
d’effort, je finis par retrouver la route goudronnée. Je suis épuisé et
m’exaspère lorsque je lève les yeux et vois qu’un panneau m’indiquant qu’il me
manque encore 4
kilomètres à parcourir. Impossible, ma détermination
s’arrête là pour aujourd’hui. Je fais donc marche vers Moyogalpa, mais cette
fois-ci en empruntant la « route civilisée ». C’est long, très long.
Je me trouve vraiment à bout de souffle. Je tombe sur une bifurcation et décide
de la longer sur un kilomètre. J’arrive au bord du lac Nicaragua et dispose
d’un panorama superbe. Le sable noir se mélange aux couleurs vertes des
palmiers, avec en arrière plan l’un des volcans d’Ometepe.
Je reste subjugué par ce paysage
presque préhistorique.
L’île d’Ometepe est un véritable
cadeau de la Terre Mère.
Cela faisait longtemps que je n’étais pas littéralement tombé sous le charme
d’un lieu. De nouveau sur le continent, je repense souvent aux habitants
chaleureux et aux décors ensorceleurs. Je me sens presqu’orphelin sans la
protection des deux volcans…
Coin pratique :
- Il faut compter 9 heures de marche pour faire le tour du volcan Maderas.
- Attention à vous approvisionner en eau et nourriture dans l'axe Merida/Bague.
- L'entrée Ojo de Aguas vaut 2$.
- L'entrée à la cascade de San Ramon vaut 3$.
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