lundi 16 janvier 2012

Colombie : Popayan, scène de guerre civile lors du carnaval de "Blanco y Negro" - 1/2


La Colombie est un pays dangereux où « la Guerillera » terrorise la population au quotidien. En ce jour de 4 janvier 2011, je dois faire face à ma première attaque organisée dans la ville de Popayán. Tout au long de la journée, les balles volent de toutes parts, finissant par se loger dans les corps déjà à l’agonie. Les murs de la ville sont tâchés par la violence. Et ce n’est qu’un début. Retour sur une semaine rythmée par la bataille acharnée pour sa survie.


A mon arrivée, Popayán semble une ville paisible. Une jeune fille, maman d’un adorable bébé, me souhaite la bienvenue au terminal de bus et me présente la famille qui a la gentillesse de me recevoir au sein de son domicile. Pour célébrer l’ « évènement », nous nous rendons dans l’un des meilleurs restaurants pour déguster de délicieuses grillades. L’après-midi venu, nous nous rendons sur la route principale où un spectaculaire défilé de cheval bat le pavé. Le carnaval « Blanco y Negro » de Popayán a commencé. Les premiers litres d’  « aguardiente » coulent déjà à flot. Je fais connaissance avec de nombreuses personnes et rient beaucoup. Vers minuit nous montons dans une voiture et nous nous arrêtons à plusieurs endroits pour écouter de la musique, jusqu’à ce que la police nous chasse à chaque reprise. Bref, une belle nuit festive qui ne laissait présager en rien le drame du lendemain.

Le jour suivant, je me poste derrière la porte d’entrée de la maison. Par le hublot, j’aperçois que les rues sont vides et pourtant, j’entends des cris de douleurs ici et là. Une étrange poudre blanche semble avoir recouvert les murs de la ville de Popayán. Soudain, une ombre se profile à l’extérieur. Elle semble vouloir se faire discrète comme pour amorcer une attaque. Je garde mon calme. Mon hôte me rejoints et me souffle à l’oreille : « A trois, je vais ouvrir la porte, et nous allons courir jusqu’au véhicule que tu vois devant toi. Ne t’arrête surtout pas ». Ma respiration se fait de plus en plus forte. « 1,2 et…3 ! ». Dehors, je vois avec effroi, des dizaines de corps tâchés de rouge et dont les têtes sont cachées par une texture blanche inconnue. Une salve nous est tirée au moment de franchir la porte du véhicule. Nous démarrons en trombe, poursuivit par des assaillants à pieds. Plusieurs bombes nous sont lancées. Heureusement, elles ne font pas mouche.


 A l’extérieur, la scène de guerre est terrible. C’est une véritable boucherie humaine qui s’anime sous nos yeux. Enfants et vieillards n’hésitent pas à sortir les armes pour se défendre. On utilise toutes les perfidies pour immobiliser son ennemi, comme lui jeter de la farine dans les yeux avant de l’achever. Des attaques à la bombe sont perpétrées un peu partout, aussi bien envers les véhicules que dans les boutiques et restaurants. Bref, c’est bel et bien l’image dont j’avais de la Colombie : sanguinaire et inhumaine.

Notre véhicule s’arrête devant une maison où nous attendent six autres personnes armées. Nous les rejoignons et les saluons. Visiblement, on m’a engrené dans ce qui serait la résistance de Popayán.


C’est dans une certaine tension que notre fine équipe avance vers son destin. Armés de sachet de farine,  de pistolets à mousses et de bombes à eaux, nous nous apprêtons à affronter le pire : une semaine de fête furieuse à Popayán où la raison n’existe plus.  Il me faudra survivre à une première fête sur une place publique où les corps se déchainent au rythme du DJ ou encore à un concert privé en plein air. Trop de danse, trop de joie, trop de rire, trop de fraternité, trop de belles rencontres, trop d’humanité…je finis para craquer.

En faite, le seul risque en Colombie, c’est de trop vouloir faire la fête ?
                                                                                      
Obs : peu de photos en raison des risques pour l’appareil…désolé !

Coin pratique :
  • Le carnaval « Blanco y Negro » de Popayán début le 4 janvier pour se terminer le 10 du même moi. Le carnaval de Pasto (davantage renommé) et celui de Manizales  tombent les mêmes jours. Le choix va être dur !
  • Si vous souhaitez loger en hôtel, il faut réserver à l’avance. Les billets de bus pour le retour également.
  • Pensez à prendre des vieux vêtements, car à la fin du carnaval vous ne les reconnaitrez plus.



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