L’île d’Ustupu est désormais loin
derrière nous. Une fois de plus, nous affrontons pendant près de 4 heures les
conditions terribles du voyage en haute mer. Une épreuve à la fois physique et
mentale. Il ne faut pas céder à la folie ni à la douleur provoquée par le
froid. Notre courage est récompensé par un déjeuner préparé par des membres de
la famille du capitaine sur l’île de Nargana. Les locaux ne désirent pas
partager le repas avec nous, préférant s’isoler dans une autre pièce. Avec le
peur d’argent gagné avec notre repas, ils décident de tout dépenser dans des
sodas. Drôles de priorités…
Au cours de l’après midi, nous
faisons connaissance avec le San Blas des brochures touristiques. Exit les îles
authentiques et surpeuplées par les
Kunas, ici on à faire au paradis vendu par les agences. Partout, il y a de
nombreux îlots. Parfois, ils ne sont constitués que d’un ou deux palmiers. D’autres tiennent sur l’espace d’une maison
seulement. D’où l’impression de voir des habitations flottées en pleines mer
n’ayant aucun espace terrestre pour se dégourdir les jambes. Difficile
d’imaginer la vie de Robinson Crusoé que certaines familles Kunas mènent à San
Blas. C’est un peuple au style de vie vraiment unique au Monde.
Plus tard dans la journée, notre
capitaine décide de s’arrêter sur une île où se trouvent amarrer quelques
voiliers de touristes fortunés. Le paysage idyllique, les couleurs du ciel et
de la mer, l’ambiance de fin du monde…tout cela, me laisse littéralement sans
voix. Sans Blas, n’est pas qu’une simple carte postale. C’est un environnement
et une culture mystique, dont seule sauront apprécier, ceux qui iront au-delà
des îles touristiques.
Afin de combler nos attentes,
notre capitaine nous invite sur deux îles, bien connues, dédiées au tourisme:
Francklin et Senido. Le décor est tout simplement époustouflant. C’est bel et
bien la première fois, que je vois de mes propres yeux des îles comme celles
que l’on a l’habitude de voir seulement dans les reportages. Malheureusement,
le tout est construit et aménagé pour le tourisme. Vous croiserez environ dix
fois plus d’anglais et d’américains que de Kunas… Qu’importe, la beauté des
lieux est telle que je reste contempler la mer pendant de nombreuses heures.
A la tombée de la nuit, nous nous
dirigeons vers une dernière île répondant au nom de Soledad. Nous avons la chance de passer
une deuxième nuit dans une famille Kunas. Cependant, cette fois-ci, ils ne
viendront pas à notre rencontre. Ils se terrent dans leurs maisons et ne
souhaitent pas nous connaître. Une petite déception, pour celui qui rêvait d’en
apprendre un peu plus sur leur culture. Au lendemain matin, il m’ait arrivé
quelques choses d’exceptionnel. Alors
que j’urinais entre les 4 planches de bois, formant les toilettes locales au
dessus de l’eau, une raie manta géante passe juste en dessous de moi….
L’évolution de la culture Kunas
est difficile à appréhender. Leur maison en bois est tout ce qu’il y a de plus
rudimentaire et ils portent toujours les habits traditionnels. Cependant, de
nombreuses familles sont équipées de l’énergie solaire, d’un câble pouvant
recevoir des centaines de chaines de télévision ou encore d’ordinateurs
portables. Ils préfèrent acheter des biens de consommation secondaires plutôt
que d’avoir un frigo ou même des toilettes un peu plus fonctionnels. Il y a des
priorités que j’ai encore du mal à saisir.
Au cours de la dernière matinée,
nous faisons une dernière halte afin de chercher un ami du capitaine du bateau.
Quelques minutes sur l’île pour sentir une dernière fois la vie tellement
particulièrement des habitants de San Blas. Un dernier moment pour faire une
partie de cache cache avec ces enfants Kunas, tellement rieurs. Une innocence
qui ne fait pas oublié la transformation
néfaste qu’est en train de vivre cette ancienne civilisation. La drogue
commence même à faire des ravages puisque certains indigènes travaillent en
tant que convoyeurs pour les narcotrafiquants ou récupèrent les paquets de
cocaïnes perdus en mer, lorsque les bateaux des malfrats suite aux attaques de l’armée
panaméenne.
C’est aujourd’hui que se termine
ma traversée épique entre la frontière du Panama et de La Colombie. Au cours de ces huit
journées, j’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs années d’aventure. Une
épopée fantastique dont je me souviendrais encore bien longtemps. Sans aucun
doute l’un des moments forts de mon voyage en Amérique Latine …
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