Colombie : Barranquilla, au rythme caribéen du carnaval 2012

Enfin, les sirènes des camions de pompier retentissent au loin. Les gens se lèvent de leur chaise, sourient, trépignent…La musique caribéenne se fait entendre. Les corps des spectateurs dans les tribunes commencent à se remuer timidement. On attend impatiemment de voir les premiers danseurs du carnaval 2012 de Barranquilla (l’ensemble des photos, sont tirées du premier jour).

Sous une ovation généreuse de la foule, les premières écoles de carnaval font leur entrée. Au rythme afro-caribéen, les chorégraphies s’enchainent aussi vite que les changements des costumes. Parfois simples, parfois drôles ou extravagants, les accoutrements des danseurs ne laissent jamais indifférent. C’est un festival de couleur et de bonne humeur qui s’abat sur Barranquilla. Entre deux groupes sérieux, des personnes déguisés en animales, travestis et autres bizarreries non déterminées quémandent une pièce ou deux, en l’échange d’un sourire, d’une pose ou d’une embrassade. Les badauds exultent davantage lorsque les chars décorés, remplis de femmes légèrement habillés et aux déhanchés langoureux, passent sous leurs yeux. L’ambiance est à son comble au passage de la très dynamique reine du carnaval 2012 de Barranquilla. Plus qu’un simple défilé, le carnaval de Barranquilla est une véritable invitation à la joie et aux sensations tropicales inexplicables.

En ce jour de mon 26^e anniversaire, les colombiens s’en sont données à cœur en me jetant farine, œufs, mousse et en me déversant des litres de bières. Cela marque une fois de plus l’extrême attachement de cette population.

En ce deuxième jour de défilé, j’ai décidé de ne pas payer le prix demandé pour les sièges. Pour cela, je me poste derrière un stand vide et commande une bière. La plupart de mes compagnons du jour en font tout autant. La propriétaire des lieux souhaitent absolument nous vendre ses places. Je lui rétorque que je préfère « dépenser mon budget en bière que je suis bien là où je suis ». La dame revient toutes les 5 minutes en faisant de nouvelles propositions de prix. Je ne lui réponds pas directement et la questionne sur son métier dans l’organisation du carnaval. Lorsque, le défilé est sur le point de commencer, la propriétaire a eut la réaction que j’attendais : de la compassion. Elle nous laisse alors entrer dans le stand gratuitement, aux premières loges (bien sûr, je n’avais pas mon appareil photo cette-fois ci), sous la condition que nous consommions…A vos ordres, capitaine !

Si le deuxième défilé du carnaval de Barranquilla fut tout aussi beau, il était un peu moins ambitieux que le premier (pas de véhicules par exemple). Alors que nous empruntons la petite rue où se trouve la maison de notre hôte, nous entendons le bruit d’une musique assourdissante et des dizaines de personnes dansant sur les rythmes du carnaval. Il semblerait que les voisins ont organisé une fête en face de notre habitation. C’est le genre de surprise que j’affectionne particulièrement ! Je ne peux m’empêcher de m’asseoir parmi eux et de converser. A ma grande surprise, une fille de 13/14 ans a décidé de m’apprendre les différentes danses de la côte caribéenne. Heureusement, j’avais quelques restes de danses africaines pour épater la galerie. Au fur et à mesure des rencontres, la soirée n’en devient que plus belle. Je discute, rie des pitreries des plus vieux (en forme ce soir là), apprend à bouger « à la caribéenne » et me prend de sympathie pour tout ce petit monde. Encore une expérience inoubliable…

Troisième journée et troisième défilé du carnaval de Barranquilla (même heure, même endroit), toujours aussi grandiose. Je suis cependant, excédé par le manque d’animation de mes compatriotes européen. Le salut viendra avec la rencontre dans la rue par hasard d’un norvégien que j’avais connu 2 jours auparavant. Nous choisissons de laisser tomber les autres pour faire la fête avec les colombiens, plus entrainant. Nous nous rendons dans une maison où un couple âgé, organise une fête où tout le monde est invité ! Je fais connaissance avec des gens plus charmant les uns que les autres. Après quelques verres d’aguardiente, nous partons dans la rue parallèle où un concert est organisé. Nous dansons jusqu’au petit matin, mais cela ne suffit pas. Notre groupe, fait de « de colombiens et d’étrangers », prend la décision de faire la tournée des bars. Il est incroyable de voir notre complicité naissance, alors que nous ne nous connaissions pas auparavant. La magie des rencontres du carnaval !

Pour ce dernier jour de carnaval, je retrouve mes amis colombiens de la veille. Cette fois-ci le carnaval de Barranquilla est bien plus populaire puisqu’il se déroule dans la rue même. A défaut d’être aussi spectaculaire que les précédents, le défilé est bien plus proche du public. On peut interagir avec les danseurs et autres personnes déguisées, mais surtout rire dune scène pour le moins étonnante. Plusieurs fois, un groupes de jeunes filles (parfois des travestis) vêtues de noir crient et pleurent leur tristesse. En effet, elles sont toutes tombées amoureuses et enceintes du même homme. Celui meurt à la fin du carnaval de Barranquilla. On peut dire que les colombiens ne manquent pas d’humour pour représenter les « moments coquins » et l’infidélité de l’homme en période festive !

Tout notre petit groupe traine des pieds pour se rendre à une représentation théâtrale, censée clôturer le carnaval de Barranquilla. La joie a laissé place à la mélancolie. Moi-même, je me sens comme orphelin. Le carnaval nous laisse une marque indélébile…

Coin pratique :

• Attention à vos poches ! Les voleurs adaptent leur tactique aux festivités. On vous asperge de mousse jusqu’à vous rendre aveugle afin de pouvoir fouiller vos poches. Le temps que vous récupérez la vue, les pickpockets seront déjà loin !

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